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CONSIDÉRATIONS

les ruses dont Bonaparte se servoit souvent, de préférence même à tous ses autres moyens ? Quand l’empereur Alexandre a bien connu l’ennemi qu’il avoit à combattre, quelle résistance ne lui a-t-il pas opposée ! L’une de ses capitales étant conquise, il a refusé la paix que Napoléon lui offroit avec une instance extrême. Après que les troupes de Bonaparte furent repoussées de la Russie, il porta toutes les siennes en Allemagne, pour aider à la délivrance de ce pays ; et, lorsque le souvenir de la force des François faisoit hésiter encore sur le plan de campagne qu’on devoit suivre, l’empereur Alexandre décida qu’il falloit marcher sur Paris ; or, c’est à la hardiesse de cette résolution que se rattachent tous les succès de l’Europe. Il m’en coûterait, je l’avoue, de rendre hommage à cet acte de volonté, si l’empereur Alexandre, en 1814, ne s’étoit pas conduit généreusement pour la France, et si, dans les conseils qu’il a donnés, il n’avoit pas constamment respecté l’honneur et la liberté de la nation. Le côté libéral dans chaque occasion est toujours celui qu’il a soutenu ; et, s’il ne l’a pas fait triompher autant qu’on auroit pu le souhaiter, ne doit-on pas au moins s’étonner qu’un tel instinct de ce qui est beau, qu’un tel amour