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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

l’intolérance envers tout ce qui n’étoit pas conforme à la doctrine dominante. Jamais la religion n’a été représentée seulement comme le culte le plus intime de l’âme, sans nul rapport avec les intérêts de ce monde.

L’on encourt le reproche d’irréligion, quand on n’est pas de l’avis des autorités ecclésiastiques sur les affaires de gouvernement ; mais tel homme s’irrite contre ceux qui veulent lui imposer leur manière de voir en politique, qui n’en est pas moins très-bon chrétien. Il ne s’ensuit pas de ce que la France veut la liberté et l’égalité devant la loi, qu’elle ne soit pas chrétienne ; tout au contraire, car le christianisme est éminemment d’accord avec cette opinion. Aussi, le jour où l’on cessera de réunir ce que Dieu a séparé, la religion et la politique, le clergé aura moins de crédit et de puissance, mais la nation sera sincèrement religieuse. Tout l’art des privilégiés des deux classes est d’établir que l’on est un factieux si l’on veut une constitution, et un incrédule si l’on redoute l’influence des prêtres dans les affaires de ce monde. Cette tactique est très-connue, car elle n’est que renouvelée, aussi bien que tout le reste.

Les sermons, en France comme en Angleterre, dans les temps de parti, ont souvent