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CONSIDÉRATIONS

n’ont aucun rapport avec celles de la nation, et nulle sympathie ne peut s’établir entre les salons et le pays. Une femme du peuple, en Angleterre, se sent un rapport avec la reine qui a soigné son mari, élevé ses enfans, comme la religion et la morale le commandent à toutes les épouses et à toutes les mères. Mais le genre de mœurs qu’entraîne le gouvernement arbitraire transforme les femmes en une sorte de troisième sexe factice, triste production de l’ordre social dépravé. Les femmes, cependant, peuvent être excusables de prendre les choses politiques telles qu’elles sont, et de se plaire dans les intérêts vifs dont leur destinée naturelle les sépare. Mais, qu’est-ce que des hommes élevés par le gouvernement arbitraire ? Nous en avons vu, au milieu des jacobins, sous Bonaparte, et dans les camps des étrangers, partout, excepté dans l’incorruptible bande des amis de la liberté. Ils s’appuient sur les excès de la révolution, pour proclamer le despotisme ; et vingt-cinq ans sont opposés à l’histoire du monde qui ne présente que les horreurs commises par la superstition et la tyrannie. Pour accorder quelque bonne foi à ces partisans de l’arbitraire, il faut supposer qu’ils n’aient rien lu de ce qui précède l’époque de la révolution en France ; et nous en connoissons