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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

nemment contribué aux succès de la coalition de 1813.

Loin que le mérite de l’empereur Alexandre soit exagéré par la flatterie, je dirais presque qu’on ne lui rend pas encore assez de justice, parce qu’il subit, comme tous les amis de la liberté, la défaveur attachée à cette opinion, dans ce qu’on appelle la bonne compagnie européenne. On ne se lasse point d’attribuer sa manière de voir en politique à des calculs personnels, comme si de nos jours les sentimens désintéressés ne pouvoient plus entrer dans le cœur humain. Sans doute, il importe beaucoup à la Russie que la France ne soit pas écrasée ; et la France ne peut se relever qu’à l’aide d’un gouvernement constitutionnel soutenu par l’assentiment de la nation. Mais l’empereur Alexandre s’est-il livré à des pensées égoïstes, lorsqu’il a donné à la partie de la Pologne qu’il a acquise par les derniers traités, les droits que la raison humaine réclame maintenant de toutes parts ? On voudroit lui reprocher l’admiration qu’il a témoignée pendant quelque temps à Bonaparte ; mais n’étoit-il pas naturel que de grands talens militaires éblouissent un jeune souverain guerrier ? Pouvoit-il, à la distance où il étoit de la France, pénétrer comme nous