Page:De Staël – La Révolution française, Tome III.djvu/350

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
343
SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

CHAPITRE X.

De l’influence du pouvoir arbitraire sur l’esprit et le carac-
tère d’une nation
.

FRÉDÉRIC II, Marie-Thérèse et Catherine II ont inspiré une si juste admiration pour leur talent de gouverner, qu’il est très-naturel que, dans les pays où leur souvenir est encore vivant, et leur système exactement suivi, l’on sente moins qu’en France la nécessité d’un gouvernement représentatif. Le Régent et Louis XV, au contraire, ont donné dans le dernier siècle le plus triste exemple de tous les malheurs, de toutes les dégradations attachées au pouvoir arbitraire. Nous le répétons donc, nous n’avons ici en vue que la France ; c’est elle qui ne doit pas souffrir qu’après vingt-sept années de révolution, on la prive des avantages qu’elle a recueillis, et qu’on lui fasse porter le double déshonneur d’être vaincue au dedans comme au dehors.

Des partisans du pouvoir arbitraire citent les règnes d’Auguste dans l’antiquité, d’Élisabeth et de Louis XIV dans les temps modernes, com-