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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

soit faite en France ? Un ministre a déclaré nouvellement à la chambre des députés, que, de tous les pouvoirs, celui sur lequel il faut que l’autorité royale exerce le plus d’influence, c’est le pouvoir électoral ; ce qui veut dire, en d’autres termes, que les représentans du peuple doivent être nommés par le roi. Dans ce cas, les chambellans devroient l’être par le peuple.

Qu’on laisse la nation françoise élire les hommes qu’elle croira dignes de sa confiance ; qu’on ne lui impose pas des représentans, et surtout des représentans choisis parmi les ennemis constans de tout gouvernement représentatif : alors, seulement alors, le problème politique sera résolu en France. On peut, je crois, considérer comme une maxime certaine, que quand des institutions libres ont duré vingt ans dans un pays, c’est à elles qu’il faut s’en prendre, si chaque jour on ne voit pas une amélioration dans la morale, dans la raison, et dans le bonheur de la nation qui les possède. C’est à ces institutions parvenues à un certain âge, pour ainsi dire, à répondre des hommes ; mais, dans les premiers jours d’un nouvel établissement politique, c’est aux hommes