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CONSIDÉRATIONS

penses de l’état ; mais les formes populaires dans les provinces subordonnées à un pouvoir central sans bornes, c’est une monstruosité politique.

Il faut le dire avec franchise, aucun gouvernement constitutionnel ne peut s’établir, si, au début, on fait entrer dans toutes les places, celles de députés, comme celles d’agens du pouvoir, les ennemis de la constitution même. La première condition pour que le gouvernement représentatif marche, c’est que les élections soient libres ; car alors elles amèneront des hommes qui auront de bonne foi le désir de voir réussir l’institution dont ils feront partie. Un député disait, à ce qu’on prétend, en société : « L’on m’accuse de n’être pas pour la charte constitutionnelle ; on a bien tort, je suis toujours à cheval sur cette charte ; il est vrai que c’est pour la crever. » Après ce propos charmant, il est probable que ce député trouveroit pourtant très-mauvais qu’on soupçonnât sa bonne foi en politique ; mais il est trop fort de vouloir réunir le plaisir de révéler ses secrets avec l’avantage de les garder. Pense-t-on qu’avec ces intentions cachées, ou plutôt trop connues, l’expérience du gouvernement représentatif