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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

ans plus tôt cette question, en publiciste que n’épouvantoient ni la vanité des préjugés, ni la fatuité des théories ; il me semble reconnu par tous les penseurs que la considération dont un élément conservateur entoure un gouvernement est au profit de la liberté comme de l’ordre, en rendant l’action de la force moins nécessaire. Quel obstacle y auroit-il donc en France plutôt qu’en Angleterre, à l’existence d’une chambre des pairs, nombreuse, imposante et éclairée ? Les élémens en existent, et nous voyons déjà combien il seroit facile de les combiner heureusement.

« Quoi ! dira-t-on encore (car tous les dictons politiques valent la peine d’être combattus, à cause de la multitude d’esprits communs qui les répètent) ; quoi ! vous voulez donc que la France ne soit qu’une copie, et une mauvaise copie du gouvernement d’Angleterre ? » En vérité, je ne vois pas pourquoi les François, ni toute autre nation, devroient rejeter l’usage de la boussole, parce que ce sont les Italiens qui l’ont découverte. Il y a dans l’administration d’un pays, dans ses finances, dans son commerce, dans ses armées, beaucoup de choses qui tiennent aux localités, et qui doivent différer selon les lieux ; mais les bases d’une constitution sont les