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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

nât ce que la force avoit établi. Telle a été, comme nous allons le voir, l’opinion d’un homme, l’empereur Alexandre, qui, bien que souverain tout-puissant, est assez supérieur d’esprit et d’âme pour avoir, comme les simples particuliers, des jaloux et des envieux. Louis XVIII, par sa charte constitutionnelle, et surtout par la sagesse de sa déclaration du 2 de mai, par son étonnante instruction et la grâce imposante de ses manières, suppléa sous beaucoup de rapports à ce qui manquoit à l’inauguration populaire de son retour. Mais nous pensons toujours, et nous allons développer les motifs de cette opinion, que Bonaparte n’eût point été accueilli en moins d’une année par un parti considérable, si les ministres du roi avoient franchement établi le gouvernement représentatif et les principes de la charte en France, et si l’intérêt de la liberté constitutionnelle eût remplacé celui de la gloire militaire.