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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

mancipation des catholiques d’Irlande est réclamée par l’esprit de tolérance universelle qui doit gouverner le monde ; toutefois ceux qui s’y opposent ne repoussent point tel ou tel culte ; mais ils craignent l’influence d’un souverain étranger, le pape, dans un pays où les devoirs de citoyen doivent l’emporter sur tout. C’est une question que l’intérêt décidera, parce que la liberté de la presse et celle des débats ne laissent rien ignorer en Angleterre sur ce qui concerne l’intérieur du pays. Si les affaires extérieures y étoient aussi bien connues, il n’y auroit pas une faute de commise à cet égard. Il importe certainement à l’Angleterre que l’état de l’Irlande soit autre qu’il n’a été jusqu’à présent ; on doit y répandre plus de bonheur, et par conséquent plus de lumières. La réunion à l’Angleterre doit valoir au peuple irlandais les bienfaits de la constitution ; et, tant que le gouvernement anglois s’appuie, pour suspendre la loi, sur la nécessité des actes arbitraires, il n’a point rempli sa tâche, et l’Irlande ne peut s’identifier sincèrement avec la patrie qui ne lui communique pas tous ses droits. Enfin, c’est un mauvais exemple pour les Anglois, c’est une mauvaise école pour leurs hommes d’état, que