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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

L’Angleterre partageant la Pologne, l’Angleterre occupant la Prusse à la Bonaparte, auroit moins de force pour résister aux empiétemens de son propre gouvernement dans l’intérieur. Une armée sur le continent peut l’entraîner à des guerres nouvelles, et l’état de ses finances doit les lui faire craindre. À ces considérations, qui ont déjà vivement agi dans le parlement, lors de la question sur la taxe des propriétés, il faut ajouter la plus importante de toutes, le danger imminent de l’esprit militaire. Les Anglois, en faisant du mal à la France, en y portant les flèches empoisonnées d’Hercule, peuvent, comme Philoctète, se blesser eux-mêmes. Ils abaissent, ils foulent aux pieds leur rivale ; mais qu’ils y prennent garde : la contagion les menace ; et si, en comprimant leurs ennemis, ils étouffoient le feu sacré de leur esprit public, la vengeance ou la politique à laquelle ils se livrent, éclateroit dans leurs mains comme une mauvaise arme.

Les ennemis de la constitution d’Angleterre répètent sans cesse, sur le continent, qu’elle périra par la corruption du parlement, et que l’influence ministérielle s’accroîtra jusqu’au point d’anéantir la liberté : rien de pareil n’est à craindre. Le parlement en Angleterre obéit