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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

CHAPITRE VIII.

Les Anglois ne perdront-ils pas un jour leur liberté ?

BEAUCOUP de personnes éclairées, qui savent à quel degré s’élèveroit la prospérité de la nation françoise, si les institutions politiques de l’Angleterre étoient établies chez elle, se persuadent que les Anglois en sont jaloux d’avance, et s’opposent de tous leurs moyens à ce que leurs rivaux puissent jouir de cette liberté dont ils connaissent les avantages. En vérité, je ne crois point à ce sentiment, du moins de la part de la nation. Elle est assez fière pour être convaincue, et avec raison, que, pendant long-temps encore, elle marchera en avant de toutes les autres ; et, quand la France l’atteindroit et la surpasseroit même sous quelques rapports, elle conserveroit toujours des moyens exclusifs de puissance, particuliers à sa situation. Quant au ministère, celui qui le dirige, le secrétaire d’état des affaires étrangères, semble avoir, comme je l’ai dit, et comme il l’a prouvé, un tel mépris pour la liberté, que je crois vrai-