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CONSIDÉRATIONS

la liberté, dit-on encore, sont en petit nombre, et sans force contre ces deux factions acharnées. Les amis de la liberté, j’en conviens, étant vertueux et désintéressés, ne peuvent lutter activement contre les passions avides de ceux dont l’argent et les places sont l’unique objet. Mais la nation est avec eux ; tout ce qui n’est pas payé, ou n’aspire pas à l’être, est avec eux. La marche de l’esprit humain les favorise par la nature même des choses. Ils arriveront graduellement, mais sûrement, à fonder en France une constitution semblable à celle de l’Angleterre, si l’Angleterre même, qui est le guide du continent, défend à ses ministres de se montrer partout les ennemis de principes qu’elle sait si bien maintenir chez elle.