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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

vernement à la France, le même homme, à la même place, déclare, un an après[1] que, si, à l’expiration des cinq années, la France étoit représentée par un autre gouvernement, le ministère anglois n’auroit pas l’absurdité de se croire lié par les conditions du traité. Mais dans le même discours où cette incroyable déclaration est prononcée, les scrupules du noble lord par rapport à l’influence du gouvernement anglois sur la France lui reviennent, dès qu’on lui demande d’empêcher le massacre des protestans, et de garantir au peuple françois quelques-uns des droits qu’il ne peut perdre, sans se déchirer le sein par la guerre civile, ou sans mordre la poussière comme les esclaves. Et qu’on ne prétende pas que le peuple anglois veuille faire porter son joug à ses ennemis ! Il est fier, il doit l’être, de vingt-cinq ans et d’un jour. La bataille de Waterloo l’a rempli d’un juste orgueil. Ah ! les nations qui ont une patrie partagent avec l’armée les lauriers de la victoire. Les citoyens seroient guerriers, les guerriers sont citoyens ; et, de toutes les joies que Dieu permet à l’homme sur cette terre, la plus vive est peut-être celle du triomphe de son

  1. Séance du 19 février 1816