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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

nistère anglois qui a rétabli le trône papal, voit les protestans menacés en France ; et, loin de les secourir, il adopte contre eux ces prétextes politiques dont les partis se sont servis les uns contre les autres, depuis le commencement de la révolution. Il en faudroit finir des argumens de la force, qui pourroient s’appliquer tour à tour aux factions opposées, en changeant seulement les noms propres. Le gouvernement anglois auroit-il maintenant pour le culte des réformés la même antipathie que pour les républiques ? Bonaparte, à beaucoup d’égards, étoit aussi de cet avis. L’héritage de ses principes est échu à quelques diplomates, comme les conquêtes d’Alexandre à ses généraux ; mais les conquêtes, quelque condamnables qu’elles soient, valent mieux que la doctrine fondée sur l’avilissement de l’espèce humaine. Laissera-t-on dire encore au ministère anglois qu’il se fait un devoir de ne pas se mêler des affaires intérieures de la France ? Une telle excuse ne doit-elle pas lui être interdite ? Je le demande au nom du peuple anglois, au nom de cette nation dont la sincérité est la première vertu, et que l’on fourvoie à son insu dans les perfidies politiques : peut-on se refuser au rire de l’amertume, quand on