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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

quelle il n’y avoit pas de légitimité. La révolution de France, jusqu’à la chute de Bonaparte, ressemble beaucoup à celle d’Angleterre. Le rapprochement avec la guerre de la Ligue et l’avénement de Henri IV est moins frappant ; mais, en revanche, nous le dirons avec plaisir, l’esprit et le caractère de Louis XVIII rappellent bien plus Henri IV que Charles II.

À ne considérer l’abjuration de Henri IV que sous le rapport de son influence politique, c’étoit un acte par lequel il adoptoit l’opinion de la majorité des François. L’édit de Nantes aussi peut se comparer à la déclaration du 2 mai de Louis XVIII ; ce sage traité entre les deux partis les apaisa pendant la vie de Henri IV. En citant ces deux époques si différentes, et sur lesquelles on peut disputer long-temps, car les droits seuls sont incontestables, tandis que les faits donnent souvent lieu à des interprétations diverses, j’ai voulu uniquement démontrer ce que l’histoire et la raison confirment ; c’est qu’après de grandes commotions dans l’état, un souverain ne peut reprendre les rênes du gouvernement qu’autant qu’il adopte sincèrement l’opinion dominante dans son pays, tout en cherchant à rendre les sacrifices de la