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CONSIDÉRATIONS

tion ? Prétendroit-on que l’élection des députés qui ont suspendu cette charte étoit régulière ? Ne sait-on pas que vingt personnes nommées par les préfets ont été envoyées dans chaque collège électoral, pour y choisir les ennemis de toute institution libre, comme les prétendus représentans d’une nation, qui, depuis 1789, n’a été invariable que sur un seul point, la haine qu’elle a montrée pour leur pouvoir ? Cent quatre-vingts protestans ont été massacrés dans le département du Gard, sans qu’un seul homme ait subi la mort en punition de ces crimes, sans que la terreur causée par les assassins ait permis aux tribunaux de les condamner. On s’est hâté de dire que ceux qui ont péri étoient des bonapartistes ; comme s’il ne falloit pas empêcher aussi que les bonapartistes ne fussent massacrés. Mais cette imputation, d’ailleurs, étoit aussi fausse que toutes celles que l’on fait porter sur des victimes. Il est innocent, l’homme qui n’a pas été jugé ; encore plus l’homme qu’on assassine, encore plus les femmes qui ont péri dans ces sanglantes scènes. Les meurtriers, dans leurs chansons atroces, désignoient aux poignards ceux qui professent le même culte que les Anglois et la moitié de l’Europe la plus éclairée. Ce mi-