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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

que les droits de la nation fussent aussi bien respectés que ceux de la légitimité ? N’y a-t-il qu’une famille en France, bien que royale ? Et les engagemens pris par cette famille envers vingt-cinq millions d’hommes doivent-ils être rompus pour complaire à quelques ultra-royalistes[1] ? Prononcera-t-on encore le nom de la charte, lorsqu’il n’y a plus l’ombre de liberté de la presse ; lorsque les journaux anglois ne peuvent pénétrer en France ; lorsque des milliers d’hommes sont emprisonnés sans examen ; lorsque la plupart des militaires que l’on soumet à des jugemens, sont condamnés à mort par des tribunaux extraordinaires, des cours prévôtales, des conseils de guerre, composés des hommes mêmes contre lesquels les accusés se sont battus vingt-cinq ans ; lorsque la plupart des formes sont violées dans ces procès, les avocats interrompus ou réprimandés ; enfin, lorsque partout règne l’arbitraire, et nulle part la charte, que l’on devoit défendre à l’égal du trône, puisqu’elle étoit la sauvegarde de la na-

  1. Tout ceci a été écrit pendant la session de 1815 ; et l’on sait que personne n’a été plus empressé que madame de Staël à rendre hommage aux bienfaits de l’ordonnance du 5 septembre. (Note des éditeurs)