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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

réussisse aussi bien que les punitions dans les collèges, infligées aux écoliers ? Certes, si la France se laisse instruire de cette manière, si elle apprend la bassesse envers les étrangers, quand ils sont les plus forts, après avoir abusé de la victoire quand elle avoit triomphé d’eux, elle aura mérité son sort.

Mais, objectera-t-on encore, que falloit-il donc faire pour contenir une nation toujours conquérante, et qui n’avoit repris son ancien chef que dans l’espoir d’asservir de nouveau l’Europe ? J’ai dit dans les chapitres précédens ce que je crois incontestable, c’est que la nation françoise ne sera jamais sincèrement tranquille que quand elle aura assuré le but de ses efforts, la monarchie constitutionnelle. Mais, en laissant de côté pour un moment cette manière de voir, ne sufflsoit-il pas de dissoudre l’armée, de prendre toute l’artillerie, de lever des contributions, pour s’assurer que la France, ainsi affaiblie, ne voudroit ni ne pourroit sortir de ses limites ? N’est-il pas clair à tous les yeux que les cent cinquante mille hommes qui occupent la France n’ont que deux buts : ou de la partager, ou de lui imposer des lois dans l’intérieur. La partager ! Eh ! depuis que la politique a commis le sacrifice humain de la