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CONSIDÉRATIONS

avec un sourire sarcastique, c’est un usage d’Angleterre que la liberté, mais il ne convient point aux autres pays. » Le seul de tous les rois et de tous les hommes qui ait fait mettre à la torture, non pas ses ennemis, mais ses amis, a distribué selon son bon plaisir, l’échafaud, les galères et la prison, entre des citoyens qui, s’étant battus pour la défense de leur pays sous les étendards de l’Angleterre, en réclamoient l’appui, comme ayant, de l’aveu généreux de lord Wellington, puissamment aidé ses efforts. L’Angleterre les a-t-elle protégés ? Les Américains du Nord voudroient soutenir les Américains du Mexique et du Pérou, dont l’amour pour l’indépendance a dû s’accroître lorsqu’ils ont revu à Madrid l’inquisition et la torture. Eh bien ! que craint le congrès du Nord, en secourant ses frères du midi ? l’alliance de l’Angleterre avec l’Espagne. Partout on redoute l’influence du gouvernement anglois, précisément dans le sens contraire à l’appui que les opprimés devroient en espérer.

Mais revenons de toute notre âme et de toutes nos forces à la France, que seule nous connaissons. « Pendant vingt-cinq ans, dit-on, elle n’a pas cessé de tourmenter l’Europe par ses excès démocratiques et son despotisme mi-