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CONSIDÉRATIONS

avec persévérance, ce gouvernement accomplissoit noblement son devoir. L’opposition s’appuyoit sur le désir de la paix, qui est en général très-bien accueilli par les peuples ; mais dans cette occasion, le bon sens et l’énergie des Anglois les portoient à la guerre. Ils sentoient qu’on ne pouvoit traiter avec Bonaparte ; et tout ce que le ministère et lord Wellington ont fait pour le renverser, a servi puissamment au repos et à la grandeur de l’Angleterre. Mais à cette époque où elle avoit atteint le sommet de la prospérité, à cette époque où le ministère anglois méritoit un vote de reconnoissance pour la part qu’il avoit dans le triomphe de ses héros, la fatalité qui s’empare de tous les hommes parvenus au faite de sa puissance, a marqué le traité de Paris d’un sceau réprobateur.

Déjà le ministère anglois, dans le congrès de Vienne, avoit eu le malheur d’être représenté par un homme dont les vertus privées sont très-dignes d’estime, mais qui a fait plus de mal à la cause des nations qu’aucun diplomate du continent. Un Anglois qui dénigre la liberté est un faux frère plus dangereux que les étrangers, car il a l’air de parler de ce qu’il connaît, et de faire les honneurs de ce qu’il possède. Les discours de lord Castlereagh dans le