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CONSIDÉRATIONS

permit toutes les atrocités que le nom de Jefferies nous retrace, la nation sentit la nécessité d’avoir pour chef un prince qui fût roi par la liberté, au lieu d’être roi malgré elle ; et plus tard l’on porta l’acte qui excluoit de la succession au trône tout prince papiste, ou qui auroit épousé une princesse de cette religion. Le principe de cet acte étoit de maintenir l’hérédité, en ne cherchant pas un souverain au hasard, mais d’exclure formellement celui qui n’adopteroit pas le culte politique et religieux de la majorité de l’Angleterre. Le serment prononcé par Guillaume III, et depuis par tous ses successeurs, constate le contrat entre la nation et le roi ; et, comme je l’ai déjà dit, une loi d’Angleterre déclare coupable de haute trahison quiconque soutiendroit le droit divin, c’est-à-dire, la doctrine par laquelle un roi possède une nation comme un seigneur une ferme, les bestiaux et les peuples étant placés sur la même ligne, et n’ayant pas plus les uns que les autres le droit d’influer sur leur sort. Lorsque les Anglois accueillirent avec transport l’ancienne dynastie, ils espéroient qu’elle adopteroit une doctrine nouvelle, et, les héritiers directs s’y refusant, les amis de la liberté se rallièrent à celui qui se soumit à la condition, sans la-