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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

vailloient depuis vingt ans avec M. Wilberforce, à l’accomplissement de cette œuvre éminemment chrétienne, en rendant compte de cette séance, dit qu’au moment où le bill fut sanctionné, un rayon de soleil, comme pour célébrer une fête si touchante, sortit des nuages qui couvroient le ciel ce jour-là. Certes, s’il étoit fastidieux d’entendre parler du beau temps qui devoit consacrer les parades militaires de Bonaparte, il est permis aux âmes pieuses d’espérer un signe bienveillant du Créateur, quand elles brûlent sur son autel l’encens qu’il accueille le mieux, le bien qu’on fait aux hommes. Telle fut, dans cette circonstance, toute la politique de l’Angleterre ; et, quand le parlement adopte, après des débats publics, une décision quelconque, le bien de l’humanité en est presque toujours le principal but. Mais peut-on nier, dira-t-on, que l’Angleterre ne soit envahissante et dominatrice au dehors ? J’arrive maintenant à ses torts, ou plutôt à ceux de son ministère, car le parti, et il est très-nombreux, qui désapprouve la conduite du gouvernement à cet égard, ne sauroit en être accusé.

Il y a une nation qui sera bien grande un jour : ce sont les Américains. Une seule tache obscurcit le parfait éclat de raison qui vivifie