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CONSIDÉRATIONS

leurs maris. Le seul triomphe qu’ils aient remporté sur la superstition est de faire renoncer les mères à jeter leurs enfans dans le Gange, afin de les envoyer en paradis. On essaye de fonder chez eux le respect du serment, et l’on se flatte encore de pouvoir y répandre le christianisme dans un terme quelconque. L’éducation publique est très-soignée par les autorités angloises ; et c’est à Madras que le docteur Bell a établi sa première école. Enfin on peut espérer que l’exemple des Anglois formera ces peuples, assez pour qu’ils puissent se donner un jour une existence indépendante. Tout ce qu’il y a d’hommes éclairés en Angleterre s’applaudiroit de perdre l’Inde par le bien même que le gouvernement y auroit fait. C’est un des préjugés du continent, que de croire la puissance angloise attachée à la possession de l’Inde : cet empire oriental est presque une affaire de luxe ; il contribue plus à la splendeur qu’à la force réelle. L’Angleterre a perdu ses provinces d’Amérique, et son commerce s’en est accru ; quand les colonies qui lui restent se déclareroient indépendantes, elle conserveroit encore sa supériorité maritime et commerciale, parce qu’il y a en elle un principe d’action, de progrès et de durée, qui la met