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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

tices des gens en place ; la quotité des impots n’étoit point fixée. Aujourd’hui des tribunaux avec les formes de l’Angleterre y sont établis ; quelques Indiens y occupent eux-mêmes les places du second rang : les contributions sont fixées sur un cadastre, et ne peuvent être augmentées. Si les employés s’enrichissent maintenant, c’est parce que leurs appointemens sont très-considérables. Les trois quarts des revenus du pays sont consommés dans le pays même ; le commerce est libre dans l’intérieur ; le commerce des grains nommément, qui avoit donné lieu à un monopole si cruel, est à présent plus favorable aux Indiens qu’au gouvernement.

L’Angleterre a adopté le principe de régir les habitans du pays d’après leurs propres lois. Mais la tolérance même par laquelle les Anglois se distinguent avantageusement de leurs prédécesseurs, dans la domination de l’Inde, soit mahométans, soit chrétiens, les oblige à ne pas employer d’autres armes que celles de la persuasion, pour détruire des préjugés enracinés depuis des milliers d’années. La différence des castes humilie encore l’espèce humaine ; et la puissance que le fanatisme exerce est telle, que les Anglois n’ont pu jusqu’à ce jour empêcher les femmes de se brûler vives après la mort de