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CONSIDÉRATIONS

nies, et particulièrement aux Indes, ne doit pas être rendue responsable des actes d’autorité dont on peut avoir à se plaindre. L’armée de ligne obéit passivement dans les pays considérés comme sujets, et qui ne sont point protégés par la constitution. Mais dans les colonies, comme ailleurs, on ne peut accuser les officiers anglois de déprédations ; ce sont les employés civils auxquels on a reproché de s’enrichir par des moyens illicites. En effet, leur conduite, dans les premières années de la conquête de l’Inde, mérite la censure la plus grave, et offre une preuve de plus de ce qu’on ne sauroit trop répéter : c’est que tout homme chargé de commander aux autres, s’il n’est pas soumis lui-même à la loi, n’obéit qu’à ses passions. Mais depuis le procès de M. Hastings, tous les regards de la nation angloise s’étant tournés vers les abus affreux qu’on avoit tolérés jusqu’alors dans l’Inde, l’esprit public a obligé le gouvernement à s’en occuper. Lord Cornwallis a porté ses vertus, et lord Wellesley ses lumières, dans un pays nécessairement malheureux, puisqu’il est soumis à une domination étrangère. Mais ces deux gouverneurs ont fait un bien qui se sent tous les jours davantage. Il n’existoit point aux Indes de tribunaux où l’on pût appeler des injus-