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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

hors de leur patrie. Lorsqu’ils se sont trouvés, malheureusement pour eux, obligés d’envoyer des troupes sur le continent, ces troupes ont observé la plus parfaite discipline. Le désintéressement de l’armée angloise et de ses chefs ne sauroit être contesté ; on les a vus payer chez leurs ennemis comme ces ennemis ne payoient pas chez eux-mêmes, et jamais ils ne négligent de mêler les soins de l’humanité aux malheurs de la guerre. Sir Sidney Smith, en Égypte, gardoit les envoyés de l’armée françoise dans sa tente ; et plusieurs fois il a déclaré à ses alliés, les Turcs, qu’il périroit avant que le droit des gens fût violé envers ses ennemis. Lors de la retraite du général Moore, en Espagne, des officiers anglois se précipitèrent dans un fleuve où des François alloient être engloutis, afin de les sauver d’un péril auquel le hasard, et non les armes, les exposait. Enfin, il n’est pas d’occasion où l’armée de lord Wellington, guidée par la noblesse et la sévérité consciencieuse de son illustre chef, n’ait cherché à soulager les habitans des pays qu’elle traversait. L’éclat de la bravoure angloise, il faut le reconnaître, n’est jamais obscurci ni par la cruauté, ni par le pillage.

La force militaire, transportée dans les colo-