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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

nous retournerons ensuite au second, qui concerne de plus près la France.

Charles II fut rappelé en Angleterre après les crimes des révolutionnaires et le despotisme de Cromwell ; la réaction que produisent toujours sur le vulgaire les forfaits commis sous prétexte d’une belle cause, comprima l’élan du peuple anglais vers la liberté. Ce fut la nation presque entière qui, représentée par son parlement, redemanda Charles II ; ce fut l’armée anglaise qui le proclama : aucun soldat étranger ne se mêla de cette restauration, et, sous ce rapport, Charles II se trouva dans une situation beaucoup meilleure que celle des princes françois. Mais, comme il y avoit en Angleterre un parlement déjà établi, le fils de Charles Ier ne fut point dans le cas d’accepter ni de donner une charte nouvelle. Le débat entre lui et le parti qui avoit fait la révolution porta sur les querelles religieuses : la nation anglaise vouloit la réformation, et considéroit la religion catholique comme inconciliable avec la liberté. Charles II fut donc obligé de se dire protestant : mais comme il professoit au fond du cœur une autre croyance, pendant tout son règne il rusa constamment avec l’opinion ; et lorsque son frère, qui avoit plus de violence de caractère,