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CONSIDÉRATIONS

git. Quand les Anglois exercent des emplois militaires ou diplomatiques sur le continent, il est encore probable que des hommes élevés dans l’atmosphère de toutes les vertus, y participeront individuellement ; mais il se peut que le pouvoir qui corrompt presque tous les hommes, quand ils sortent du cercle qui règne la loi, ait égaré beaucoup d’Anglais, lorsqu’ils n’avoient à rendre compte de leur conduite hors de leur pays, qu’aux ministres et non à la nation. En effet, cette nation, si éclairée d’ailleurs, connoît mal ce qui se passe dans le continent ; elle vit dans son intérieur de patrie, si l’on peut s’exprimer ainsi, comme chaque homme dans sa maison ; et ce n’est qu’avec le temps qu’elle apprend l’histoire de l’Europe, dans laquelle ses ministres ne jouent souvent qu’un trop grand rôle, à l’aide de son sang et de ses richesses. Il en faut donc conclure que chaque pays doit toujours se défendre de l’influence des étrangers, quels qu’ils soient ; car les peuples les plus libres chez eux peuvent avoir des chefs très-jaloux de la prospérité des autres états, et devenir les oppresseurs de leurs voisins, s’ils en trouvent une occasion favorable.

Examinons cependant ce qu’il y a de vrai dans ce qu’on dit sur la conduite des Anglois