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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

est possible, diminuer les fâcheuses conséquences. De là vient aussi que la plupart des femmes sont sans dot, et que dans un pays où l’institution des couvens ne sauroit exister, il y a une quantité de jeunes filles que leurs mères ont grande envie de marier, et qui peuvent avec raison s’inquiéter de leur avenir. Cet inconvénient, produit par l’inégal partage des fortunes, se fait sentir dans le monde : car les hommes non mariés y occupent trop l’attention des femmes, et la richesse en général, loin de servir à l’agrément de la société, y nuit nécessairement. Il faut une fortune très-considérable pour recevoir ses amis à la campagne, ce qui est pourtant en Angleterre la manière la plus agréable de vivre ; il en faut pour tous les rapports de la société : non que l’on mette de la vanité dans le luxe ; mais l’importance que tout le monde attache au genre de jouissances qu’on appelle confortables, fait que personne n’oserait, comme jadis dans les plus aimables sociétés de Paris, suppléer à un mauvais dîner par de jolis contes.

Dans tous les pays, les prétentions des jeunes gens à la mode sont entées sur le défaut national : on en trouve en eux la caricature, mais une caricature a toujours quelques traits