Page:De Staël – La Révolution française, Tome III.djvu/266

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
259
SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

culièrement dans celui d’Édimbourg, où des écrivains faits pour être illustres eux-mêmes, Jeffrey, Playfair, Mackintosh, ne dédaignent point d’éclairer les auteurs par les jugemens qu’ils portent sur eux. Les publicistes les plus instruits dans les questions de jurisprudence et d’économie politique, tels que Bentham, Malthus, Brougham, sont plus nombreux en Angleterre que partout ailleurs ; parce qu’ils ont le juste espoir que leurs idées seront mises en pratique. Des voyages dans toutes les parties du monde rapportent en Angleterre les tributs de la science, non moins bien accueillis que ceux du commerce ; mais au milieu de tant de richesses intellectuelles en tout genre, on ne sauroit citer aucun de ces ouvrages irréligieux ou licencieux dont la France a été inondée : l’opinion publique les a repoussés dès qu’elle a pu les craindre, et elle s’en charge d’autant plus volontiers, qu’elle seule fait la garde à cet égard. La publicité est toujours favorable à la vérité : or, comme la morale et la religion sont la vérité par excellence, plus vous permettez aux hommes de discuter ces sujets, plus ils s’éclairent et s’ennoblissent. Les tribunaux puniroient avec raison, en Angleterre, un écrit qui pourroit causer du scandale ; mais