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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

conséquent de l’opinion, je ne sais aucun pays du monde où il soit plus avantageux d’être un homme supérieur. Non-seulement tous les emplois, tous les rangs peuvent être la récompense du mérite, mais l’estime publique s’exprime d’une manière si flatteuse, qu’elle donne des jouissances plus vives que toutes les autres.

L’émulation qu’une telle perspective doit exciter est une des principales causes de l’incroyable étendue des connaissances répandues en Angleterre. Si l’on pouvoit faire une statistique du savoir, on ne trouveroit dans aucun pays une aussi forte proportion de gens versés dans l’étude des langues anciennes, étude malheureusement trop négligée en France. Des bibliothèques particulières sans nombre, des collections de tout genre, des souscriptions abondantes pour toutes les entreprises littéraires, des établissemens d’éducation publique existent partout, dans chaque province, à l’extrémité du pays comme au centre : enfin on trouve à chaque pas des autels élevés à la pensée, et ces autels servent d’appui à ceux de la religion et de la vertu.

Grâce à la tolérance, aux institutions politiques et à la liberté de la presse, il y a plus