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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

quelle les catholiques irlandais sont condamnés, est contraire aux vrais principes de la justice ; mais on ne sait comment mettre en possession des bienfaits de la constitution des hommes aigris par de longs ressentimens.

On ne peut donc admirer dans la nation irlandaise, jusqu’à présent, qu’un grand caractère d’indépendance et beaucoup d’esprit naturel ; mais on ne jouit point encore dans ce pays de la sécurité ni de l’instruction, résultats certains de la liberté religieuse et politique. L’Écosse est à beaucoup d’égards l’opposé de l’Irlande, et l’Angleterre tient de l’une et de l’autre.

Comme il est impossible, chez les Anglois, d’être ministre sans siéger dans l’une des deux chambres, et sans discuter avec les représentans de la nation les affaires de l’état, il en résulte nécessairement que de tels ministres ne ressemblent d’ordinaire en rien à la classe des gouvernans sous les monarchies absolues. La considération publique en Angleterre est le premier but des hommes en pouvoir ; ils ne font presque jamais leur fortune dans le ministère, M. Pitt est mort en ne laissant que des dettes qui furent payées par le parlement. Les sous-secrétaires d’état, les commis, tous les