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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

de la population peut se composer de serfs attachés à la glèbe, et privés de toute instruction : mais que feroit-on de négocians esclaves et ignorans? Un pays maritime et commercant est donc par cela seul plus éclairé qu’un autre ; néanmoins il reste beaucoup à faire pour donner au peuple d’Angleterre une éducation suffisante. Une grande portion de la dernière classe ne sait encore ni lire ni écrire ; et c’est sans doute pour remédier à ce mal qu’on accueille avec tant d’empressement les nouvelles méthodes de Bel et de Lancaster, parce qu’elles peuvent mettre l’instruction à la portée de l’indigence. Le peuple est plus instruit peut-être en Suisse, en Suède et dans quelques états du nord de l’Allemagne ; mais il n’y a dans aucun de ces pays cette vigueur de liberté qui préservera l’Angleterre, il faut l’espérer, de la réaction produite par la révolution de France. Dans un pays où il y a une immense capitale, de grandes richesses concentrées dans un petit nombre de mains, une cour, tout ce qui peut favoriser la corruption du peuple, il faut du temps pour que les lumières s’étendent et luttent avec avantage contre les inconvéniens attachés à la disproportion des fortunes.

En Écosse on trouve beaucoup plus d’in-