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CONSIDÉRATIONS

CHAPITRE V.

Des lumières, de la religion et de la morale chez les
Anglois
.

CE qui constitue les lumières d’une nation, ce sont des idées saines en politique, répandues chez toutes les classes, et une instruction générale dans les sciences et la littérature. Sous le premier de ces rapports, les Anglois n’ont point de rivaux en Europe ; sous le second, je ne connais guère que les Allemands du Nord qu’on puisse leur comparer. Encore les Anglois auraient-ils un avantage qui ne sauroit appartenir qu’à leurs institutions : c’est que la première classe de la société se livre autant à l’étude que la seconde. M. Fox écrivoit de savantes dissertations sur le grec, pendant les intervalles de loisir que lui laissoient les débats parlementaires. M. Windham a laissé divers traités intéressans sur les mathématiques et sur la littérature. Les Anglois ont de tout temps honoré le savoir : Henri VIII, qui fouloit tout aux pieds, respectoit cependant les hommes de lettres, quand ils ne heurtoient pas ses passions désordonnées. La grande Éli-