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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

réelles et profondes donnent aux hommes une consistance égale à celle de la richesse.

On ne recherche en aucune manière, dans la chambre des communes d’Angleterre, le genre d’éloquence qui soulève la multitude ; la discussion domine dans cette assemblée, l’esprit d’affaires y préside, et l’on y est même plutôt trop sévère pour les mouvemens oratoires. Burke lui-même, dont les écrits politiques sont si fort admirés maintenant, n’étoit point écouté avec faveur quand il parloit dans la chambre basse, parce qu’il mêloit à ses discours des beautés étrangères à son sujet, et qui appartenoient plutôt à la littérature. Les ministres sont souvent appelés à donner dans la chambre des communes des explications particulières qui n’entrent point dans les débats. Les députés des différentes villes ou comtés instruisent les membres du gouvernement des abus qui peuvent naître dans l’administration, des réformes et des améliorations dont elle est susceptible ; et ces communications habituelles entre les représentans du peuple et les chefs du pouvoir produisent les plus heureux résultats.

« Si la majorité du parlement n’est pas achetée par le ministère, au moins vous nous accorderez, » disent ceux qui croient plaider leur