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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

lent, comme fortune, ou comme considération personnelle, ne soient pour la plupart députés. Il y a de grands propriétaires et des pairs qui disposent de quelques nominations à la chambre des communes, de la même manière que les ministres ; et, lorsque ces pairs sont de l’opposition, les députés qu’ils ont fait élire votent aussi dans leur sens. Toutes ces circonstances accidentelles ne changent rien à la nature du gouvernement représentatif. Ce qui importe avant tout, ce sont les débats publics, et les belles formes de délibération qui protègent la minorité. Des députés tirés au sort, avec la liberté de la presse, représenteroient plus fidèlement dans un pays l’opinion nationale, que les députés les plus régulièrement élus, s’ils n’étoient point conduits et éclairés par cette liberté.

Il seroit à désirer néanmoins que l’on supprimât graduellement les élections devenues illusoires, et que, d’autre part, l’on donnât une représentation plus équitable à la population et à la propriété, afin de renouveler un peu l’esprit du parlement, que la réaction contre la révolution de France a rendu sous quelques rapports trop docile envers le pouvoir exécutif. Mais on craint la force de l’élément