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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

raient, et à quoi sert-il de discuter, si personne ne peut voter d’après sa conviction ? Il n’en est point ainsi : ce qu’on appelle fidélité de parti, c’est de ne point isoler ses intérêts personnels de ceux de ses amis politiques, et de ne pas traiter séparément avec les hommes en pouvoir. Mais il arrive souvent que les circonstances ou les argumens influent sur la masse de l’assemblée, et que les neutres qui sont en assez grand nombre, c’est-à-dire, ceux qui ne jouent pas un rôle actif dans la politique, font changer la majorité. Il est dans la nature du gouvernement anglois que les ministres ne puissent se maintenir sans avoir cette majorité pour eux ; mais, néanmoins, M. Pitt, bien qu’il l’eût momentanément perdue, à l’époque de la première maladie du roi, put rester en place, parce que l’opinion publique, qui lui étoit favorable, lui permit de casser le parlement, et de recourir à une nouvelle élection. Enfin, l’opinion règne en Angleterre ; et c’est là ce qui constitue la liberté d’un état. Les amis jaloux de cette liberté désirent la réforme parlementaire, et prétendent qu’on ne peut croire à l’existence d’un gouvernement représentatif, tant que les élections seront combinées de manière à mettre le choix d’un grand nombre de députés dans la