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CONSIDÉRATIONS

inattaquables, et le parti de l’opposition n’imagineroit pas plus de critiquer l’institution de la pairie, que le parti ministériel n’oseroit blâmer la liberté de la presse. C’est uniquement dans le cercle des circonstances du moment que de certaines considérations personnelles ou de famille peuvent agir sur la direction de quelques esprits, mais jamais de manière à porter atteinte aux lois constitutionnelles. Quand le roi voudroit s’en affranchir, la responsabilité des ministres ne leur permettroit pas de s’y prêter ; et ceux qui composent la majorité dans les deux chambres seroient encore moins disposés à renoncer à leurs droits réels de lords, de députés et de citoyens, pour mériter les faveurs d’une cour.

La fidélité de parti est l’une des vertus fondées sur l’esprit public, dont il résulte le plus d’avantage pour la liberté angloise. Si demain les ministres avec lesquels on a voté sortent de place, ceux auxquels ils ont donné des emplois les quittent avec eux. Un homme seroit déshonoré en Angleterre, s’il se séparoit de ses amis politiques pour son intérêt particulier. L’opinion à cet égard est si forte, qu’on a vu, il n’y a pas long-temps, un homme d’un caractère et d’un nom très-respectables, se