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CONSIDÉRATIONS

rie. Il est inconcevable combien l’Angleterre est mal connue sur le continent, malgré le peu de distance qui l’en sépare. L’esprit-de parti repousse les lumières qui viendroient de ce phare immortel ; et l’on ne veut voir dans l’Angleterre que son influence diplomatique, ce qui n’est pas, comme je le dirai dans la suite, le beau côté de ce pays.

Est-ce en effet de bonne foi qu’on peut se persuader que les ministres anglois donnent de l’argent aux députés des communes, ou aux membres de la chambre haute, pour voter dans le sens du gouvernement ? Comment les ministres anglois, qui rendent un compte si exact des deniers de l’état, trouveroient-ils des sommes assez fortes pour corrompre des hommes d’une aussi grande fortune, sans parler même de leur caractère ? M. Pitt vint s’en remettre, il y a quelques années, à l’indulgence de la chambre, pour quarante mille livres sterling qu’il avoit employées à soutenir des maisons de commerce pendant la dernière guerre ; et ce qu’on appelle les dépenses secrètes ne suffiroit pas à la moindre influence politique dans l’intérieur du pays. Et de plus, comment la liberté de la presse, dont le flambeau porte le jour sur les moindres détails de la vie des