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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

l’ordre social, et où la liberté de la presse favorise le développement de l’esprit public, il est impossible que toutes les vérités ne finissent pas par rentrer efficacement en circulation. On peut prédire qu’à une époque plus ou moins éloignée, on verra des changemens importans dans le mode de recrutement de la marine en Angleterre.

« Eh bien ! s’écrieront les ennemis de toute vertu publique, quand les éloges que l’ont fait de l’Angleterre seroient fondés, il en résulteroit seulement que c’est un pays habilement et sagement gouverné, comme tout autre pays pourroit l’être, mais il n’est point libre à la manière dont les philosophes l’entendent, car c’est le ministère qui est le maître de tout, là comme ailleurs. Il achète les voix du parlement, de manière à s’assurer constamment la majorité, et toute cette constitution angloise dont on nous parle avec admiration, n’est que l’art de faire agir la vénalité politique. » L’espèce humaine seroit bien à plaindre, si le monde étoit ainsi dépouillé de toutes ses beautés morales, et il seroit difficile alors de comprendre les vues de la Divinité dans la création de l’homme ; mais heureusement ces assertions sont combattues par les faits autant que par la théo-