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CONSIDÉRATIONS

en est résulté le maintien de quelques abus, on peut dire aussi que, de cette manière, l’on a donné à la liberté l’avantage de tenir à une ancienne origine. La condescendance pour les vieux usages ne s’étend en Angleterre à rien de ce qui concerne la sûreté et la liberté individuelle. Sous ce rapport l’ascendant de la raison est complet, et c’est sur cette base que tout repose. Avant de passer à la considération des pouvoirs politiques, sans lesquels les droits civils n’auroient aucune garantie, il faut encore parler de la seule atteinte portée à la liberté individuelle qu’on puisse reprocher en Angleterre, la presse des matelots. Je n’alléguerai point les motifs tirés du grand intérêt que doit avoir un pays dont toute la puissance est maritime, à se maintenir à cet égard dans sa force ; je ne dirai point non plus que cette espèce de violence se borne à ceux qui ont déjà servi dans la marine marchande ou royale, et qui savent par conséquent, comme les soldats sur terre, le genre d’obligations auxquelles ils se sont astreints. J’aime mieux convenir franchement que c’est un grand abus, mais un abus qui, sans aucun doute, sera réformé de quelque manière ; car, dans un pays où toutes les pensées sont tournées vers le perfectionnement de