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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

tentative contre la personne du roi est considérée comme un parricide envers l’état. Les jurés, les témoins, les juges eux-mêmes sont ses enfans : il falloit donc qu’un délai solennel précédât le jugement, pour qu’il pût être équitable ; et quel spectacle plus sublime la justice peut-elle nous offrir, que celui d’une nation tout entière déclarée récusable pendant une période limitée ? Une quarantaine de quinze jours n’étoit-elle pas nécessaire pour garantir les esprits de la contagion d’une partialité si naturelle ? »

Quel pays que celui où de telles paroles ne sont que l’exposition simple et vraie de ce qui existe !

La jurisprudence civile angloise est beaucoup moins digne de louanges ; les procès y sont trop dispendieux et trop prolongés. Elle sera sûrement améliorée avec le temps, comme elle l’a déjà été sous plusieurs rapports ; car ce qui caractérise surtout le gouvernement anglois, c’est la possibilité de se perfectionner sans secousse. Il reste en Angleterre des formes anciennes, remontant au temps féodal, qui surchargent les lois civiles d’une foule de longueurs inutiles ; mais la constitution s’est établie en greffant le nouveau sur l’ancien ; et, s’il