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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

prend en faveur d’un criminel d’état. Ajoutez-y que, dans les procès pour haute trahison, le défenseur de l’accusé a le droit de prononcer un plaidoyer. Dans les cas ordinaires de félonie, il ne peut qu’interroger les témoins, et rendre le jury attentif à leurs réponses. Et quel défenseur que celui qu’on accordoit à Hatfield ! l’avocat le plus éloquent de l’Angleterre, le plus ingénieux dans l’art de la plaidoirie, Erskine ! C’est ainsi que commence son discours[1] » :

« Messieurs les jurés,

« L’objet qui nous occupe, et le devoir que je vais remplir, non pas seulement par l’autorisation de la cour, mais en vertu du choix spécial qu’elle a fait de moi, offrent au monde civilisé un monument éternel de no-

  1. Je ne saurais trop recommander aux lecteurs françois le Recueil des plaidoyers de M. Erskine, qui a été nommé chancelier d’Angleterre, après une longue illustration dans le barreau. Descendant d’une des plus anciennes maisons d’Écosse, il avoit d’abord été officier ; puis, manquant de fortune, il entra dans la carrière de la loi. Les circonstances particulières auxquelles les plaidoyers de lord Erskine se rapportent, ne sont, pour ainsi dire, que des occasions de développer, avec une force et une sagacité sans pareilles, les principes de la jurisprudence criminelle qui devroit servir de modèle s tous les peuples.