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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

tière ; et cependant aucun des assassins qui ont voulu tuer le roi n’a été condamné à mort. On a trouvé chez eux des symptômes de folie, qu’on avoit recherchés avec d’autant plus de scrupule, que l’indignation publique contre eux étoit plus violente. Louis XV fut frappé par Damien vers le milieu du siècle dernier, et l’on prétend aussi que ce misérable avoit l’esprit égaré ; mais, en supposant même qu’il eût assez de raison pour mériter la mort, une nation civilisée peut-elle tolérer le supplice effroyable auquel il a été condamné ? et l’on dit que ce supplice eut des témoins curieux et volontaires : quel contraste entre une telle barbarie et ce qui s’est passé en Angleterre ! Mais gardons-nous d’en tirer aucune conséquence contre le caractère françois ; ce sont les gouvernemens arbitraires qui dépravent les nations, et non les nations qui sont destinées par le ciel, les unes à toutes les vertus, les autres à tous les forfaits.

Hatfield est le nom du troisième des insensés qui tentèrent d’assassiner le roi d’Angleterre. Il choisit le jour où le roi reparoissoit au spectacle après une assez longue maladie, accompagné de la reine et des princes de sa famille. Au moment de l’entrée du roi dans la salle,