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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

tence portée contre Calas, celle contre Lally ; et, peu de temps avant la révolution, le président Dupaty publia le plaidoyer le plus énergique en faveur de trois accusés qu’on avoit condamnés au supplice de la roue, et dont l’innocence fut prouvée après leur mort. De semblables malheurs ne sauroient avoir lieu d’après les lois et les procédures criminelles d’Angleterre ; et le tribunal d’appel de l’opinion, la liberté de la presse, feroit connaître la moindre erreur à cet égard, s’il étoit possible qu’il en fût commis.

Au reste, les délits qui ne tiennent en aucune manière à la politique, ne sont point ceux pour lesquels on peut craindre l’application de l’arbitraire. En général, il importe peu aux puissans de ce monde que les voleurs et les assassins soient jugés suivant telle ou telle forme ; et personne n’a intérêt à souhaiter que les lois ne soient pas respectées dans de tels jugements. Mais quand il s’agit des crimes politiques, de ceux que les partis opposés se reprochent mutuellement avec tant d’amertume et de haine, c’est alors qu’on a vu en France tous les genres de tribunaux extraordinaires créés par la circonstance, destinés à tel homme, et justifiés, disoit-on, par la grandeur du délit, tandis que