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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

qui leur étoit faite par les empereurs, de professer leur culte ? Saint Pierre appelle, avec raison, les gouvernemens un ordre humain. Il n’est aucune question, ni de morale, ni de politique, dans laquelle il faille admettre ce qu’on appelle l’autorité. La conscience des hommes est en eux une révélation perpétuelle, et leur raison un fait inaltérable. Ce qui fait l’essence de la religion chrétienne, c’est l’accord de nos sentimens intimes avec les paroles de Jésus-Christ. Ce qui constitue la société, ce sont les principes de la justice, différemment appliqués, mais toujours reconnus pour la base du pouvoir et des lois.

Les nobles, comme nous l’avons montré dans le cours de cet ouvrage, avoient passé, sous Richelieu, de l’état de vassaux indépendans à celui de courtisans. On diroit que le changement même des costumes annonçoit celui des caractères. Sous Henri IV, l’habit François avoit quelque chose de chevaleresque ; mais les grandes perruques et cet habit si sédentaire et si affecté que l’on portoit à la cour de Louis XIV, n’ont commencé que sous Louis XIII. Pendant la jeunesse de Louis XIV, le mouvement de la Fronde a encore développé quelque énergie ; mais depuis sa vieillesse, sous la régence et