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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

CHAPITRE IV.

De la liberté et de l’esprit public chez les Anglais.

LA première base de toute liberté, c’est la garantie individuelle, et rien n’est plus beau que la législation angloise à cet égard. Un procès criminel est par tout pays un horrible spectacle. En Angleterre, l’excellence de la procédure, l’humanité des juges, les précautions de tout genre prises pour assurer la vie à l’innocent, et les moyens de défense au coupable, mêlent un sentiment d’admiration à l’angoisse d’un tel débat. Comment voulez-vous être jugé ? dit l’officier du tribunal à l’accusé. Par Dieu et mon pays, répond-il. Dieu vous donne une bonne délivrance, reprend l’officier du tribunal. Dès l’ouverture des débats, si l’accusé se trouble, s’il se compromet par ses réponses, le juge le met sur la bonne voie, et ne tient pas registre des paroles inconsidérées qui pourroient lui échapper. Dans la suite du procès, il ne s’adresse jamais à l’accusé, de peur que l’émotion que celui-ci doit éprouver, ne l’expose à