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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

chés à leur noble patrie. Deux ministres du roi se levèrent de table pour parler en public ; et tandis que sur le continent un ministre se renferme, même au milieu d’une société de choix, dans les phrases les plus insignifiantes. les chefs du gouvernement en Angleterre se considèrent toujours comme représentans du peuple, et cherchent à captiver son suffrage, tout aussi soigneusement que les membres de l’opposition ; car la dignité de la nation angloise plane au-dessus de tous les emplois et de tous les titres. On porta, suivant la coutume, divers toasts, dont les intérêts politiques étoient l’objet : les souverains et les peuples, la gloire et l’indépendance furent célébrés ; et là, du moins, les Anglois se montrèrent amis de la liberté du monde. En effet, une nation libre peut être exclusive dans ses avantages de commerce ou de puissance ; mais elle devroit s’associer partout aux droits de l’espèce humaine.

Cette réunion avoit lieu dans un vieux bâtiment de la cité, dont les voûtes gothiques ont été les témoins des luttes les plus sanglantes : le calme n’a régné en Angleterre qu’avec la liberté. Les costumes de tous les membres du conseil de la cité sont les mêmes qu’il y a plu-