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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

de Sussex, le cinquième fils du roi, qui s’exprime avec beaucoup d’élégance et de facilité, parla aussi à son tour ; et l’homme le plus aimé et le plus considéré de toute l’Angleterre, M. Wilberforce, put à peine se faire entendre, tant les applaudissemens couvroient sa voix. Des hommes obscurs, et sans autre rang dans la société que leur fortune ou leur dévouement à l’humanité, succédèrent à ces noms illustres : chacun, suivant ses moyens, fit sentir l’honorable nécessité où se trouvoit l’Angleterre de secourir ceux de ses alliés qui avoient plus souffert qu’elle dans la lutte commune. Les auditeurs souscrivirent en sortant, et des sommes considérables furent le résultat de cette séance. C’est ainsi que se forment les liens qui fortifient l’unité de la nation, et c’est ainsi que l’ordre social se fonde sur la raison et l’humanité. Ces respectables assemblées n’ont pas uniquement pour but d’encourager les œuvres de bienfaisance ; il en est qui servent surtout à consolider l’union entre les grands seigneurs et les commerçans, entre la nation et le gouvernement ; et celles-là sont les plus solennelles.

La ville de Londres a eu de tout temps un lord maire, qui, pendant une année, préside le